Dans son numéro de décembre, le magazine Marie Claire nous alerte sur un danger qui nous guette tous : le retour de la cagoule. Tout ça par la faute de Calvin Klein, fantastique, on est très contents !
Raf Simons, le styliste qui a décidé de nous infliger cette punition affirme dans l’article, que cette pièce vestimentaire reflète «l’urgente nécessité de se protéger face au déchaînement des éléments naturels, symboles d’une planète à l’asphyxie ». Dans un monde qui court à sa perte, la cagoule permettrait à celui qui l’endosse de se sentir moins vulnérable, de s’isoler face au déluge de mauvaises nouvelles, de se couper de l’apocalypse qui vient. Emmitouflé dans sa cagoule, on ne veut plus rien entendre puisque l’on sait que tout est perdu. On se sait seul et on reconnaît notre impuissance à changer le monde. Nous nous résignons au pire. La cagoule ou la panoplie de l’autruche. La cagoule, notre défaite à tous.
Un autre vêtement qui fait autrement la une des journaux depuis quelques semaines, c’est le gilet jaune. Pas de marque estampillée, une matière nylon fluorescente infâme au toucher ; avec le « gilet de haute visibilité » ou de « sécurité » on est loin, très loin de la haute couture même si, il y a quelques années le couturier Karl Lagerfeld y avait associé son image dans le cadre d’une campagne pour la sécurité routière.
Au contraire des encagoulés, ceux qui endossent le gilet jaune, veulent en démordre. Animés par une immense colère, un ras-le bol généralisé, ils sont dans une indignation active, peut-être chaotique, peut-être embryonnaire, parce qu’ils ne savent pas toujours exactement définir leurs doléances mais ce qui est sûr, c’est que les injustices flagrantes dont ils se sentent victimes leur apparaissent désormais insupportables : le temps d’agir est venu.
Le cagoulé et le gilet jaune semblent ainsi regarder dans des directions opposées. Quand le cagoulé n’espère plus rien, n’attend plus rien, le gilet jaune, fort de cette énergie collective qui depuis quelques semaines émerge partout en France, s’est emparé du pavé pour faire exploser sa colère, prendre en main son destin, rappeler que le pouvoir appartient d’abord et avant tout au peuple.
La question que l’on se pose tous est : le gilet jaune serait-il le nouveau sans-culottes ? En clair, sommes-nous en train d’assister à une énième révolte populaire qui finira par s’éteindre d’elle-même faute de résultats tangibles ou sommes-nous en train de vivre un de ces moments historiques, révolutionnaires, créateur d’une véritable rupture, d’une bascule sociétale, dont le gilet jaune serait le héraut ?
Il est encore trop tôt pour le dire sans doute. Rendez-vous aux prochaines collections printemps-été pour connaître la réponse. Quel suspense…