MA VIE EN RITALIE – Vignette 1

Depuis que je vis en Ritalie, je cultive un rituel précieux. Après avoir confié mes filles à l’institution scolaire, je fonce vers mon café préféré. Il est à deux pas. C’est un lieu assez grand, chaleureux, avec des murs en fausse pierre, des lustres baroque noir et rouge qui forment un contraste assez subtil, le garçon – Alessandro -est souriant. Et son café est, comme partout en Italie, à UN euro. Oui, ami parisien, tu as bien lu. Un euro. Il existe des endroits dans le monde où prendre un café n’est un luxe, où tu peux t’asseoir tranquillement en terrasse, en salle, au comptoir, trouver la presse locale et nationale, la wifi, sans te sentir victime d’un odieux racket, d’un complot bestial ourdi par les avides cafetiers du monde entier.

Cet euro contre un café, cette obole symbolique, contribue au bonheur local. Ou plutôt empêche la dépression générale. La Dolce vita commence là, avec cet euro. Il nourrit le sentiment de vivre bien, de pouvoir se concéder un luxe nécessaire, celui d’être capable de franchir le seuil d’un lieu de haute sociabilité. Dans ce café, nous sommes tous semblables. Certains ont plus d’euros en poche, c’est certain, mais qui le dirait puisque nous prenons tous -ouvrier, cadre bancaire, vendeuse et professeur, le même café à un euro. En ce moment, dans cet endroit, nous sommes égaux autour de ce café à un euro.

Je rêve qu’à Paris, les bistrotiers comprennent le bonheur qu’ils instilleraient autour d’eux en offrant le café à un euro. Ça devrait devenir une cause nationale, ce café à un euro. On se retrouverait tous chaque matin, là, au café du coin, heureux de ce moment d’égalité. On ferait moins la gueule en arrivant au bureau, on serait moins tendu en rentrant chez soi le soir.

Le bonheur, c’est pas si compliqué, en vérité.

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